Début 2023 j’étais en plein questionnement sur mon avenir. Je cherchais à réaliser un « move » et à reprendre la direction d’une entreprise. L’excellent spécialiste en #HRJan Mertens m’avait montré la subtilité entre chercher « a company with challenges » et « a company facing challenges » !
Quelques mois plus tard, au hasard d’une après-midi nonchalante, je tombe en arrêt devant une œuvre photographique de l’artiste Xavier WTTRWULGHE. La réaction en moi est immédiate, inattendue, forte et bouleversante : mes larmes coulent au milieu d’une foule d’anonymes. Cette photo réunit toutes mes angoisses de manière imagée et symbolique. Mon passé de skipper et mon présent d’entrepreneur à risque se télescopent.
Je l’ai achetée ce jour-là.
Je la voulais face à moi dans le nouveau bureau que j’allais occuper quelques semaines après…
Ce n’est qu’après l’achat que je me suis posé la question de savoir si ce ne serait pas trop difficile de vivre continuellement en « face to face » avec ses angoisses.
Définitivement, comme le matador devant le taureau, j’aime regarder mes angoisses « dans les yeux » et sans ciller.
Elles se rappellent à moi. Je les comprends mieux et surtout je les maîtrise mieux pour pouvoir les dompter et les dépasser.
Cette photo agit sur moi comme un miroir.
L’art nous montre des choses. Il aide à comprendre le Monde et à se comprendre en son sein.
Cette photo m’a permis de mettre des mots sur une facette de moi-même : « a manager facing fears in a company facing challenges ».
Hier, sous le soleil, toute activité fut interrompue pour aller solennellement et tous ensemble remplir notre devoir de citoyens, petits et grands.
Je me souviens précisément (et c’était il y a longtemps !) être entré accroché aux jupes de ma mère dans l’isoloir et découvert la feuille et le crayon rouge.
Hier, c’est à ma fille de 7 ans que j’ai fait découvrir l’isoloir.
Parce que nous devons très tôt leur apprendre les bienfaits de la démocratie, sa fragilité et le rejet des extrêmes.
Entre 1987 et 1991, de mes 8 à 12 ans, il y eu chaque année un scrutin !
Mon père, Homme de loi, était systématiquement nommé Président de Bureau de dépouillement à Mons. Ma mère préparait des tartes et c’est toute la famille qui allait dépouiller au mépris des règles de dépouillement. Les observateurs politiques, achetés à coup de morceaux de tarte, fermaient les yeux. J’en ai empilé et compté des bulletins de vote ! Et je me souviens de quelques anecdotes amusantes…
Au-delà du souvenir ému de ces belles après-midi, je ne peux m’empêcher de croire qu’on ne sensibilise pas encore suffisamment la jeunesse à l’importance de cet exercice démocratique et combien notre « société » actuelle est une bulle de liberté bien fragile dans l’histoire de la civilisation.
Parce que le combat pour la Liberté ne s’arrête jamais, il faut repartir dès aujourd’hui au combat. Il faut soutenir les partis traditionnels démocratiques, adhérer, s’engager, militer… Car ils sont, n’en déplaise à certains, les meilleurs remparts contre les extrêmes (35% en Belgique et 59% si on y ajoute les indépendantistes !!!).
Des partis démocratiques forts ont en eux toutes les propositions et toutes les possibilités d’avenir pour nos sociétés et nos défis. C’est à nous à leur donner la force de les développer. C’est le moment de s’engager et soutenir pour certains… et de recommencer ou continuer pour d’autres !
Toute la journée en combinaison intégrale, ça m’a fort impressionné !
On le sait peu, mais j’ai moi aussi commencé à 20 ans sur les chantiers.
Ce n’était pas des bâtiments, c’était des bateaux… et ce n’était pas de l’amiante.
Mais je sais ce que c’est de se lever tôt, d’enfiler la combinaison, de disquer de la poussière dans un réduit toute la journée et d’en ramener jusque dans son lit.
Je sais que c’est dur.
Vous avez toute mon admiration et mon respect. Et vous aurez toujours une oreille attentive de ma part ».
Gaspard FRANEAU, Administrateur-Délégué SBMI, « Pot d’arrivée », 19 avril 2024.
Samedi soir à Mons en ouverture du Bal des Acteurs du Doudou, le banquet réunissant un millier de personnalités de la société montoise fut marqué par le discours d’accueil qui soutint sans ambiguïté une vision « sexuée » et rétrograde du folklore. Consternation.
Il avait pourtant bien commencé ce discours dans une ambiance festive pré-Doudou. Mais un doute germa rapidement dans les esprits lorsqu’il fut affirmé que le Doudou n’était qu’une émanation de l’hommage rendu à Sainte-Waudru. On ne comprit qu’a posteriori que cette assertion serviraità justifier l’ostracisme sexiste qui exclut les femmes des principaux rôles du Combat dit « Lumeçon ». De quoi se plaindre, en effet, de la sous-représentation féminine puisque le personnage central de la Ducasse serait une femme ?
Après avoir rappelé que les acteurs représentaient leur Ville avec fierté, l’orateur infligea à l’assistance le caractère « sexué » des acteurs allant même jusqu’à invoquer la figure tutélaire du folklore montois Georges RAEPERS qui modernisa le Doudou durant 3 décennies. 12 ans après son décès et 22 ans après son dernier combat, il convient de ne surtout pas postuler sur ce qu’aurait été sa vision de la mixité après l’évolution exponentielle de ces dernières années en matière de genres et de parité. Le Georges RAEPERS qui aurait vécu aujourd’hui ne serait pas le même que celui des années 1970-2000.
Le discours se clôtura sur un appel à « respecter les équilibres fragiles« , comble de la cuistrerie puisqu’il s’agit non moins que de protéger un parfait déséquilibre sexiste et machiste.
Rendez-vous manqué pour une évolution lente et sans douleur
Vu les règles de sélection des acteurs, une postulante aujourd’hui n’aurait de chance, dans le meilleur des cas, d’être titularisée que… dans une dizaine d’années. C’est un rendez-vous avec une évolution saine, lente et sans douleur que la Ville de Mons est en train de manquer. Effacer simplement la référence au sexe des acteurs aujourd’hui permet une transition sans heurt par le cours naturel des candidatures.
Sans cela, il viendra assurément le moment où cette ségrégation ne sera plus tenable dans une société qui chaque jour devient plus paritaire (et c’est heureux !). Il viendra le moment où il ne sera plus temps de discuter et de négocier. Il faudra trancher sous la pression et ce sera nettement plus douloureux.
Et si le Dragon était une Dragonne !?
Mais pourquoi diable les rôles seraient-ils « sexués »? Hormis Saint-Georges dont il faut bien admettre que toutes les versions de la légende le représentent en homme, quelle autorité transcendantale a-t-elle décidé que les autres rôles étaient exclusivement masculins ?
Un Diable ne pourrait-il pas être une Diablesse et le Chinchin protecteur… une protectrice ? Le Dragon ne peut-il être porté par des Femmes Blanches et des Femmes de Feuilles ? Et enfin, il ne semble même pas effleurer les esprits obtus que le Dragon… aurait tout simplement pu être une Dragonne !
L’excuse du physique
Certains argumentent de manière purement dilatoire que l’intensité d’un combat ne permettrait pas à aux femmes de tenir les rôles.
Il est pourtant plus honnête de constater que les matériaux composites actuels permettraient d’alléger conséquemment le poids du Dragon. Il ne s’agirait pour lui que d’une énième modification. Ne pas adapter le Dragon aux actrices potentielles est en soi une forme d’exclusion qui ne dit son nom. Une femme tonique et engagée dans son rôle ne devrait pas rencontrer de problème insurmontable… ni plus ni moins qu’un homme.
L’apprentissage de la parité homme – femme
Ce qui est affligeant pour les adultes est révoltant pour les enfants.
Que le Petit Doudou des enfants n’intègre pas la mixité dans ses rôles est d’une tristesse infinie. Comment expliquer à une fille d’une dizaine d’années « qu’elle n’a pas le droit » d’être un des principaux acteurs du Doudou simplement parce qu’elle est née « fille » ?
C’est dans les cours de récréation dès le plus jeune âge que la parité homme-femme s’inculque au même titre que le respect, l’égalité et le consentement. Le Folklore n’échappe pas à sa mission éducative pour affirmer et convaincre qu’une femme est l’égale d’un homme. Il est très imprudent de croire que puisqu’il s’agit simplement d’un jeu, sa légèreté permettrait de s’affranchir de cette mission.
Tout est là au contraire ! Tout est dans ce que notre société souhaite montrer d’elle-même et le Doudou représenté devant 100.000 personnes est le visage de Mons. Il dit au Monde quelque chose de nous !
Errare humanum est, perseverare diabolicum
Personne n’en veut bien sûr aux décideurs folkloriques d’une situation héritée d’une autre époque. Parfois, des erreurs d’appréciation sont commises et des paroles malheureuses sont prononcées.
A vous, les merveilleux acteurs, lorsqu’au prochain Doudou vous foulerez le sable orange, galvanisés par l’adrénaline du Combat, sous les vivats de la foule en délire glorifiant le jeu dont vous êtes les héros d’un seul jour, prenez juste un instant au milieu des cris, de la sueur et des battements de cœur, pour songer que vous êtes les représentants de toutes les Montoises et de tous les Montois, de toutes ses filles et de tous ses fils. Songez, même furtivement, qu’une personne peut être acteur sans distinction de son niveau social, de ses croyances, de ses origines et de son sexe.
Gaspard FRANEAU, Administrateur du Cercle du Dragon
22 combats à la corde, Ancien ropieur des pavés montois, Homme Blanc, Petit Doudou 1991.
Ce mercredi 11 octobre 2023, j’aurai le plaisir de présider la 3ème Rentrée académique de LOGISCOOL MONS en présence d’invités prestigieux!
Avec une conférence exceptionnelle du Professeur Giovanni Briganti, M.D., Ph.D., Médecin et titulaire de la Chaire Intelligence Artificielle et Médecine Digitale de l’Université de Mons :